Campagne Rouge Gorge : Entretien avec le Dr Slim

A l’occasion de la campagne nationale Rouge Gorge pour la sensibilisation aux cancers de la gorge, le Dr Slim, chef de service ORL au Centre Hospitalier Centre Bretagne, détaille les symptômes et les causes de cette pathologie tout en précisant la prise en charge des patients tout au long de leur parcours de soins au CHCB et les réflexes de prévention à adopter.

Docteur, comment se déclarent les cancers de la gorge ? Existe-t-il des symptômes particuliers ?

On va porter une attention particulière aux patients avec des facteurs de risque à savoir l’association d’une intoxication alcoolique et tabagique. Les symptômes peuvent être une modification du timbre de la voix ou une voix qui se couvre pour les tumeurs du larynx ou des difficultés à avaler lorsqu’une tumeur est soit au niveau des loges amygdaliennes, de la cavité buccale et du pharynx. Les masses cervicales ou les adénopathies peuvent aussi être le premier signe de cancers de la gorge.

Comment dépistez-vous ces cancers ? Quels sont les examens réalisés ?

Souvent, les patients nous sont confiés par les médecins traitants qui ont vu leurs patients pour une difficulté à avaler, une modification de la voix, une limitation d’ouverture buccale ou les autres symptômes détaillés précédemment. Ils nous les adressent parce qu’ils ont un doute ou parce qu’ils ont constaté qu’il y avait un ganglion ou une masse au niveau du cou. Notre rôle lorsque nous allons recevoir ces patients en consultation va être de retrouver cette lésion, d’en préciser la nature par l’intermédiaire de biopsies. On demandera par la suite des examens complémentaires en imagerie médicale, avec des scanners et IRM réalisés sur notre plateau d’imagerie ou des tep scan, examen que nous pourrons réaliser très prochainement au Centre d’Explorations Isotopiques (médecine nucléaire) qui va prochainement ouvrir ses portes à proximité de notre établissement.

Une fois le diagnostic posé, comment les patients sont-ils pris en charge ?

Lorsque le diagnostic d’une tumeur est posé, nous avons un parcours cancer au CHCB qui nous permet de diagnostiquer, poser un bilan, et débuter la prise en charge des patients dans un délai de 4 à 6 semaines. Nous respectons ainsi les recommandations nationales, ce qui est grandement facilité par l’accès aux plateaux techniques (imagerie, bloc opératoire) et l’excellente collaboration entre les différents spécialistes (chirurgiens viscéraux, gastroentérologues, pneumologues, radiologues, anesthésistes).

Une fois que le diagnostic est posé, le dossier est présenté en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) qui regroupe plusieurs spécialistes. Cela nous permet de valider le projet thérapeutique pour chacun des patients. Une fois le projet thérapeutique validé, s’il y a besoin d’opérer, nous sommes en mesure d’effectuer la majeure partie des opérations de cancers ORL au CHCB.

Si nous considérons qu’un cas peut dépasser nos compétences, nous confions le patient à nos confrères en CHU avec un parcours patient fluide.

Concernant les gens qui ne sont pas opérés, nous pouvons leur proposer une radiothérapie et/ou une chimiothérapie. S’il y a une chimiothérapie première, c’est à dire avant l’opération, la séance peut se faire ici, en coopération avec nos collègues de la clinique Saint-Yves de Vannes qui se déplacent. La permanence des soins est assurée 7j/7 à l’hôpital.

Pour les séances de chimiothérapie ou radiothérapie, tout dépend du secteur où vivent les patients. Si les patients sont originaires des Côtes d’Armor, nous travaillons en coopération avec nos collègues de l’hôpital privé de Plérin où ils assurent les chimio/radiothérapies. Sinon, nous les adressons à Vannes, ou Lorient également en fonction de leur domicile et de leur souhait.

Quelles sont les causes de cette maladie et comment peut-on en prévenir le risque ?

La cause principale des cancers ORL était l’intoxication alcoolique et tabagique. Depuis quelques années le papillomavirus (HPV) est devenu l’un des principaux facteurs des cancers de la cavité buccale, en particulier chez les sujets jeunes et les femmes. Nous préconisons d’ailleurs la vaccination des sujets jeunes par les vaccins type Gardasil pour éviter autant que possible l’installation d’une pathologie chronique liée au HPV.

Pour résumer, en prévention : La vaccination contre le papillomavirus, arrêter de fumer idéalement ou ne pas commencer, c’est encore mieux. Limiter la consommation alcoolique. Et surtout, si jamais on remarque un signe évocateur d’une pathologie, que l’on a mal, que l’on a sa voix qui se couvre, que l’on a du mal à avaler… Ne pas attendre. Mieux vaut consulter son médecin traitant qui après orientera vers nous. Nous tenons d’ailleurs à remercier nos collègues de ville pour leur collaboration et leur confiance.